Carl Friedrich Wilhelm Reichert
Carl Friedrich Wilhelm Reichert, naît à Sersheim, dans le Würtenberg ; son père et sa mère étant décédés prématurément, il est élevé par son grand père maternel. A quatorze ans, il part à Heilbronn comme étudiant en mécanique. Puis, comme cela se faisait à l’époque, il voyage, en travaillant dans de nombreuses entreprises : Mayence, Cologne, Duisbourg, Essen, Hanovre, Hambourg, Berlin.
En 1870, il est à Leipzig, Dresde, Prague, Vienne. Au printemps 1871 : Munich, Zurich, Neuchâtel.
En 1872, il travaille à Pforzheim chez Christian Oechsle, (1814-1897), fabricant d’instruments scientifiques renommé. Ce dernier le met en relation avec Ernst Leitz, qui venait de terminer ses études chez lui . Leitz demande à Reichert de venir travailler à Wetzlar comme mécanicien. Reichert accepte, et envisage même d’investir le capital qu’il possède dans l’entreprise de Leitz. Il séjourne encore à Postdam et à Copenhague, et revient à Wetzlar. Mais des frictions apparaissent avec Madame Leitz, et il décide créer sa propre entreprise.
Avec l’accord de Ernst Leitz, il décide de créer un atelier d’optique à Vienne en 1876. Simon Plössl, le grand opticien, est décédé en 1868 ; il n’existe plus de fabricant de microscopes dans la capitale de l’empire austro-hongrois. Reichert emmène avec lui deux techniciens de Wetzlar : un mécanicien, Berchtold Löhr, et un opticien, Emil Weber. L’atelier s’installe en ville, Mölkergasse 3, puis, dès 1878, Landongasse 40.
Le 2 septembre 1878, Carl Reichert épouse Jeannette Löhr, la belle-sœur d’Ernst Leitz. A la naissance de leur deuxième fille, Jeannette meurt le 2 mars 1881 d’une fièvre puerpérale. Le 13 novembre de la même année, Carl épouse la plus jeune sœur de sa femme décédée, Minna, qui lui donnera trois garçons et une fille.
Reichert produit d’abord de petits microscopes pour l’enseignement à mise au point par coulissement, assez semblables à ceux de son beau-frère.
Sa fabrication va se développer et se diversifier rapidement. Les premiers catalogues comprendront six statifs différents, des objectifs à sec et à immersion, de nombreux accessoires, un microtome. Il obtient une Médaille d’Or à l’Exposition universelle de Paris en 1889.
En 1881, il a transféré ses ateliers, toujours à Vienne, Bennogasse 26, puis, en 1889, s’étend à l’immeuble voisin, Bennogasse 24.
A la fin du XIXe siècle, son grand modèle est comparable à ceux des meilleurs constructeurs. Le statif IA comprend pied en fer à cheval, mise au point micrométrique type continental, condensateur de Abbe, revolver pour plusieurs objectifs.
Le deuxième modèle comporte une platine carrée avec surplatine à mouvements croisés. Les modèles III et IV sont plus simples. Reichert propose des objectifs semi-apochromatiques, moins chers que les apochromatiques vrais et de qualité presque équivalente.
En 1912, le catalogue couvre toute la microscopie, y compris minéralogique, la photomicrographie, la dissection, les microtomes automatiques. La fluorescence est particulièrement étudiée avec la collaboration de Max Haitinger (1868-1946).
Le 12 décembre 1922, Carl Reichert, qui avait été nommé Conseiller d’Empire, décède. Deux de ses fils lui succèdent : Carl II , (1883-1953) s’occupe de la branche technique, Otto, (1888-1972), de la partie commerciale.
En 1930, apparaît un grand microscope binoculaire universel, le type Z , ainsi qu‘un appareil spécialisé pour la fluorescence suivant les travaux de Haitinger. L’atelier, trop petit, est transféré dans la banlieue de Vienne en 1933, 219 Hernalser Haupstrasse ; la direction reste 24/26 Bennogasse.
Epargnés lors de la seconde guerre mondiale, les ateliers d’optique C. Reichert peuvent reprendre leurs exportations dès 1946. Mais le décès en 1945 des deux fils d’Otto entraîne la constitution d’une société « Optische Werke C. Reichert ».
La société propose alors trois modèles :
le RC, classique, pour la routine ;
le CSM, de forme classique, inclinable, possédant un tube binoculaire d’observation amovible, ainsi qu’un revolver monté sur patin pour permettre l’interposition facile d’un illuminateur vertical ;
le grand microscope universel Z, non inclinable, modulaire ; le revolver, déporté vers l’avant, autorise l’usage d’une grande platine. Ce modèle peut recevoir un tube binoculaire stéréoscopique pour les travaux de dissection. L’éclairage n’est pas incorporé ; il est assuré par une lampe indépendante, comportant collecteur réglable à trois lentilles, diaphragme iris, quatre porte-filtres, ampoule de 6 volts/5 ampères.
Le « Polyvar » en 1951 est un appareil moderne, modulaire, avec éclairage incorporé et photographie automatique.
Le « Zetopan », avec commandes basses, est adapté à l’immunofluorescence. Il peut recevoir un éclairage spécial pour la microphotographie, comportant un flash électronique et une lampe pilote, ce qui permet des photographies faciles, même en fond noir, en polarisation ou en contraste de phase.
L’entreprise Reichert construit également divers types de microtomes particulièrement réputés.
En 1962, « Americal Optical » acquiert la majorité de la société Reichert. A son tour, Americal Optical passe, en 1986, sous le contrôle de « Cambridge Instruments », qui, à partir de 1990, fait partie du groupe suisse « Leica ». L’usine de Vienne, Leica-Reichert, se spécialise dans les microscopes industriels, la fluorescence, les microtomes.
Comme Leitz, Reichert numérote tous ses microscopes. Il est possible de les dater suivant leurs numéros.
Numéro |
Date |
Numéro |
Date
|
1 000 | 1883 | 5 000 | 1887 |
10 000 | 1891 | 15 000 | 1897 |
20 000 | 1899 | 30 000 | 1906 |
50 000 | 1912 | 100 000 | 1930 |
150 000 | 1934 | 200 000 | 1941 |
250 000 | 1957 | 275 000 | 1961 |
Source A Recoules une histoire du microscope 03.1998